
On reste toujours dans l'attente,
si seulement elle n'imposait pas
une oppression,
si elle n'était pas si récurrente
si déguisée, si évidente!
Il vaut mieux faire l'impatience
publique, et crier:
"Oui, je suis en train d'attendre!"
un ami, un bus, un amour,
une sortie, une vie...
peu importe.
L'essentiel, c'est l'interminable
danse des heures,
la nerveux compte des minutes
comme gouttes de sable
qui tombent sur les aiguilles
transformées en sang.
La lourde angoisse
de regarder partout
et de vieillir d'absence!
À la fin, on devient
la lettre écarlate de ce café,
de ce trottoir, de ce lit,
qui aussi nous regardent attendre
en essayant de nous serrer
dans leurs bises invisibles.
Il vaudrait mieux
que nous nous réjouissions
d'avoir un horizon
à attraper
et que je m'installe dans des rues froides
pour voir tranquille les érables,
jusqu'à ce que la marche des jours
oblige les passants
à suivre ce regard vers les branches
pour deviner,
après de longues congitations,
que j'attends la rouge
sourire d'automne,
que l'attente a une petite touche
de beauté cachée.
Peut-être en suite,
vont-ils s'asseoir à côté de moi
pour imaginer qu'ils attendent
quelque chose de certain.
Como siempre quedamos en la espera,
ojalá no impusiera una opresión,
ojalá no fuera tan recurrente,
tan disfrazada y tan obvia.
Tanto mejor hacer pública
la impaciencia y decir
"¡Sí, estoy esperando!"
un amigo, un camión,
un amor, una salida, una vida,
qué más da.
Lo importante es esa interminable
danza de horas,
ese nervioso contar de minutos,
como si fueran gotas de arena
que caen en las manecillas
convertidas en sangre.
Esa pesada angustia de mirar
hacia todos lados
y envejecer
de interminable ausencia.
Al final nos volvemos
la letra escarlata de ese café
de esa banqueta, de esa cama
que también nos observa esperar
procurando abrazarnos
con besos invisibles.
Valdría más regocijarnos
de tener un horizonte
por alcanzar,
instalarme en calles frías
a observar tranquilamente los arces;
hasta que el paso de los días
obligue a los transeuntes
a seguir esa mirada
hacia las ramas y adivinar,
después de largas congeturas,
que estoy sentada esperando
la roja sonrisa del otoño,
que la espera
tiene un toque de delicia oculta.
Y quizá después,
se sienten a mi lado
a creer que aguardan algo seguro.
